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LIVRE-INTERACTIF

2
juil

Interview

Réalisée en janvier 2008
par fantastinet.com


Pascal Dupin a publié 3 titres aux éditions Zinedi. Après la lecture de 2 d’entre eux (Ad Vitam et Rendez Vous post mortem) il a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.


Etienne : Question rituelle : pouvez vous vous présenter et présenter votre parcours à nos visiteurs ?

Pascal : Je suis quelqu’un d’ordinaire, marié, deux enfants presque autonomes. Ce qui me permet d’écrire car entre le travail (à EDF depuis tout petit) et la vie de famille, je n’aurais guère eu le temps de le faire avant. Et puis, cette envie de raconter une histoire m’a pris subitement en 2002 après un deuil douloureux et le besoin d’exorciser une angoisse… le premier chapitre d’Aroun. Par le fait aussi que mon chef m’ait imposé de prendre des vacances en Novembre par un temps pourri et que le jour de mon départ, mon collègue de bureau m’ait lancé par fanfaronnade : « Si tu t’emmerdes, tu n’as qu’à écrire un livre ». Je l’ai pris au mot par bravade mais après, ce truc ne m’a plus lâché et j’ai écris cent pages Word en trois mois de ce que je n’imaginais même pas devenir un roman. La suite dans vos prochaines questions…

Etienne : - Vous avez publié 3 romans aux éditions Zinedi : ont ils été faciles à écrire ou au contraire une suite laborieuse de réécritures critiques ?

Pascal : Je ne trouve pas difficile d’écrire un roman, juste que cela demande beaucoup de temps et la patience que je n’aurais pas eu plus jeune (les filles, le foot…). J’écris en ligne, chapitre après chapitre, en enchainant le mélange des époques ou des destinées. Je prends beaucoup de plaisir à avancer dans l’histoire car c’est elle qui me dirige. Je ne maitrise pas toujours les évènements et je suis impatient de connaitre la fin, comme si j’en étais aussi le lecteur. Car si j’ai l’idée directrice de l’intrigue au départ, un mot ou une phrase peut tout faire basculer en cours de route et le dénouement s’impose à moi de la même façon.
Côté critiques, quelques proches ou amis me donnent des conseils et des avis que je ne suis pas forcément. (Nombreux sont ceux qui aimeraient que cela se finisse toujours bien). Puis viennent les corrections de l’éditeur qui se traduisent par des aller-retours du texte jusqu’au produit final. Ce n’est pas la phase que j’apprécie le plus, la trame de l’histoire ne changera plus, mais cette traque de la faute est indispensable. Surtout qu’à l’école, j’étais meilleur en maths qu’en français, Fabienne Germain a, à chaque fois, beaucoup de travail !

Etienne : - Comment se fait la rencontre avec un éditeur : un coup de coeur et une confiance réciproque ou au contraire une longue suite de portes claquées et de « beaucoup de talent mais nous n’éditons pas ce genre de livres » ?

Pascal : Au départ, je ne pensais pas avoir produit un roman, je n’avais jamais rien écrit avant, à part la modification de textes de chansons pour faire rire une tablée le jour d’une fête. Après la surprise, puis l’enthousiasme de mon entourage, j’ai remis l’ouvrage à une personne qui ne me connaissait pas (la femme d’un prestataire à qui j’en avais curieusement parlé au travail. En général, je suis resté discret sur ma nouvelle passion avant d’être édité, par peur du ridicule) Cette jeune femme avait publié deux livres documentaires sur les jumeaux, donc compétente et plus objective que la famille. Elle a beaucoup aimé et m’a vivement conseillé de tenter ma chance… Super… et la désillusion commença !
Les portes des éditeurs ne claquent pas, faute de s’être ouvertes. Le retour, dans le meilleur des cas, de l’envoi d’un manuscrit, se résume à une lettre photocopiée et neutre du style : »Vous n’entrez pas dans le cadre de notre démarche éditoriale… » Pour certain, je ne suis pas sûr d’avoir été lu, mes feuillets A4 de cent pages Word m’ont été retournés sans la moindre trace de pliure au niveau des agrafes, même au niveau de la première page.
Tant pis, au bout d’un douzaine d’envois vers des grands jusqu’à des petits, j’ai renoncé. J’ai élargi mon cercle de lecteurs à la demande, heureux des retours positifs que je recevais, en fait la véritable reconnaissance. Puis en manque, « Ad Vitam » a vu le jour, en gestation sur une année. L’été, je ne suis pas très prolifique, il fait beau dehors ! Je venais de le terminer en Juin, pile avant l’ouverture de la coupe d’Europe de Foot 2004 et longue période d’abstinence quand je suis tombé sur le site de Zinedi. Cette jeune maison d’édition proposait de faire découvrir de nouveaux auteurs. Le contrat d’édition apparaissait en ligne, clair, précis et honnête. Loin de toutes ces sociétés escrocs qui vous proposent un succès factice moyennant finance si vous en assurez la publicité, la diffusion et la vente… bref tout sauf l’impression. Faut bien qu’il leur reste quelque chose pour justifier l’arnaque. « Aroun » était dans mon tiroir, j’hésitais à le balancer sur le Net, ma femme a eu plus d’audace, elle m’a dit  » Vas-y, qu’est-ce que tu risques ? » Quatre jours plus tard, à la grande stupéfaction de mon fils qui surfant tard sur sa boîte mail ( un peu comme vous) m’a tiré du lit en criant : « papa, y a un éditeur qui te prends ton livre ! » Effectivement, le texte stipulait que le contrat suivait par la poste. Et l’aventure a commencé ! Merci Fabienne, je t’embrasse au passage…

Etienne : - Ces 3 romans sont ils vos seuls productions ou multipliez vous les nouvelles et les romans ? Je n’ose vous demandez si vous en vivez ou projetez d’en vivre ?

Pascal : J’ai écrit quelques nouvelles par la suite pour m’amuser et m’essayer, sans succès, à des concours…, comme quoi. Je vous en joins une que j’aime particulièrement (elle parle d’une jolie blonde !), vous pouvez la mettre en ligne si vous le désirez. Quant au quatrième roman  » Perdu entre deux mondes », il est en phase de correction, j’espère le proposer prochainement.
Je ne pense pas pouvoir vivre un jour de ma production littéraire à la place de celle d’électricité. Les 10% du prix d’un livre accordé à l’auteur (Zinedi se situe dans le haut de la fourchette des rétributions, certains touchent 6%) nécessiteraient d’en vendre beaucoup. Peut-être que si Fantastinet me file un gros coup de pub ??? Mais le plus gratifiant, ce sont les retours de mes lecteurs comme ce collègue qui m’a dit un jour, peut-être pas tout à fait en ces termes :  » Tu fais ch… , hier soir ma femme n’a pas voulu remplir son devoir conjugal , elle était plongée dans ton bouquin ! » Le bonheur… pour moi.

Etienne : – J’ai eu l’impression de lire des textes très travaillés : vous etes vous entouré d’un comité de lecture ou travaillez vous seul ?

Pascal : Je rédige l’histoire du début à la fin comme si je la lisais, après viennent les corrections personnelles et éditoriales. Mais parfois, en cours d’écriture, j’ai besoin de me rassurer même si je sens que si cela me plaît à moi, cela plaira à d’autres. Alors je demande à madame de lire le début et quand elle râle, lorsque le curseur arrive sur la page blanche, de ne pouvoir connaître la suite, je sais que je suis sur la bonne voie. C’est aussi à ce moment là que je subis des pressions de sa part pour orienter la fin. Mais c’est qui le patron ? Enfin dans ce domaine !

Etienne : – Je suis familier comme vous des pentes du Pilat et j’ai parfois été destabilisé de retrouver des sites connus, voire des personnages publics (le maire de la Valla en Gier, le personnel de la clinique de Vienne…) : avez vous eu des réactions à cette grande proximité ? Vous est elle indispensable pour faire une histoire cohérente

Pascal : Cela enchante autant que cela intrigue les lecteurs de se retrouver dans des lieux familiers même si, pour des raisons évidentes, je suis parfois obligé de changer certains noms comme celui de la clinique. J’ai rencontré quelques médecins, non dupes et opérant là-bas, au festival du livre de sang d’encre à Vienne que cela a fait sourire. Ils ont, bien sûr, acheté mes livres en usant d’un grand sens de l’humour. Je suis persuadé que, quelques fois, ils doivent penser au sous-sol inférieur avec une certaine appréhension.
Par dérision, je glisse aussi des amis dans leurs rôles respectifs ou de composition avec leur accord, mais pas forcément dans la peau d’un gentil. Mon voisin n’a jamais promené mon chien près de la banque, par exemple et ne le fera, malheureusement pour Junior, jamais.
Pour moi, ce sont les références sur lesquelles je m’appuie pour y glisser du fantastique, le piment qui manque un peu à nos existences et qui me fait rêver.

Etienne : – J’ai eu l’agréable surprise de trouver dans vos deux romans (je n’ai pas lu Aroun) une ambiance « le côté obscur du terroir » que j’apprécie dans la série Le Poulpe : est ce un rapprochement complètement injustifié ?

Pascal : Je ne connais pas cette série mais je vais me renseigner de ce pas. Je dois reconnaître que je ne lis pas beaucoup. Il paraît que c’est assez atypique pour un auteur mais on ne peut pas tout faire. Je me dis que comme ça, je ne suis pas influencé par les autres.
Je suis déçu que vous n’ayez pas lu « Aroun ». C’est mon premier bébé et revêt, de ce fait, une importance sentimentale particulière.

Etienne : РLes adversaires principaux des h̩ros ne sont pas compl̬tement mauvais, surtout humains : est il important pour vous de pr̩senter des univers avec des nuances de gris plutot que blanc et noir ?

Pascal : Avez-vous déjà rencontré une personne qui serait d’un couleur aussi crue ? J’espère que cela n’existe pas, dans un sens comme dans l’autre. Chacun possède des tares et des faiblesses, fort heureusement. Alors même si l’on voyage dans le fantastique, je crois qu’il faut garder une part de réalisme.

Etienne : – Ad vitam m’a presque sembler appeler une suite : est ce un projet ou vos livres sont ils destinés à rester des one-shot* ?

Pascal : Je ne connais pas ce terme bien que j’en devine la définition, pardonner mon manque de culture. A-t-il un rapport avec le latin de mes titres ?
Je n’envisage pas de suite, on m’a souvent fait la même réflexion pour « Aroun ». Je crois que j’aurais un peu peur de me répéter pour finalement, m’ennuyer à l’écrire.

Etienne : – Pourquoi avoir mêlé du fantastique à des romans qui aurait pu très bien être des polars « classiques » ?

Pascal : J’ai toujours aimé la science fiction, pour élargir nos horizons. Cela facilite probablement mon écriture, je ne sais pas si je serais capable d’écrire autre chose, il faudrait que j’essaie.

Etienne : - Peut etre est ce le moment de vous demander si des auteurs vous ont inspiré, si vous vous reconnaissez une filiation ?

Pascal : En pension EDF, je lisais des « Van Vogt » (je ne me rappelle plus si ça s’écrit comme ça). J’ai adoré  » A la poursuite des slans »,  » le monde des nonA ». J’aime aussi les films comme « la machine à remonter le temps » et autres « retour vers le futur ». C’est pour ça que j’ai commencé par « Aroun » avec ses bouleversements du passé. Compliqué à écrire mais prenant.

Etienne : – avez vous d’autres projets en cours à plus ou moins long terme ?

Pascal : J’espère avoir bientôt avoir l’envie d’en écrire un cinquième. Si je me force, ce sera mauvais.

Etienne : – Question rituelle: avez vous eu le temps de passer sur notre site et si oui, qu’en pensez vous ?

Pascal : Je me suis connecté dès que j’en ai eu connaissance par Zinedi. Cela m’a pris beaucoup de temps, signe qu’il possède de nombreux intérêts. Ces interviews des auteurs par mail est une idée géniale, surtout pour moi qui me débrouille comme un manche à l’oral. Ça me rappelle encore une anecdote mais je suis vraiment trop long.
Super le forum pour mettre en contact les auteurs avec leurs lecteurs, il démystifie la « Profession ». Trop peu de public dans les salons du livre ose ou a le temps de discuter avec nous, c’est dommage. Nous ne sommes pas là à des fins mercantiles… enfin pas tous. Et quelle meilleure récompense de rencontrer quelqu’un avec qui vous avez déjà partagé… une histoire.
Et puis, vous sortez vos visiteurs de la « grande édition » en mettant en avant des auteurs inconnus qui méritent le détour. Souvent les perles ne sont pas sur les rayons des grands distributeurs, halte à la mondialisation des idées et au formatage du rêve !
Je serais d’ailleurs ravi de continuer d’échanger avec vous ou vos internautes.

Etienne : - Que peut on vous souhaiter pour cette année 2008 qui commence ?

Pascal : Que mon prochain roman ravisse les lecteurs qui l’attendent impatiemment depuis bientôt deux ans… et me tannent régulièrement au boulot.

Etienne : - et le mot de la fin sera…

Pascal : Merci pour cette interview, j’y ai pris beaucoup de plaisir, d’où la longueur. J’espère que nous aurons l’occasion de se rencontrer… entre voisins. Et bravo pour Fantastinet, je vous ferai de la pub.



* désolé pour l’anglicisme c’est une expression qui désigne souvent les BD par exemple qui ne s’intègrent pas dans un cycle : des fusils à « un coup » (NDLR)



Interview réalisée par Mail par etienne pour Fantastinet. Mise en ligne : 05 janvier 2008
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