Impossible pour nous, spectateurs et communs des mortels, de distinguer sous le feu des projecteurs le soir des matchs, la silhouette vaporeuse de cet ancien gardien de but de l’OL, mort depuis peu. À moins de disposer de lunettes fumées spécial revenant, vous ne le verrez jamais tenter vainement de suppléer Hugo Lloris dans la cage. Frustré de ne pas avoir obtenu, en son temps, le même palmarès, son esprit déambule dans la surface de réparation à la recherche de l’exploit qui couronnerait sa carrière, apostrophant au passage son illustre successeur :
« Attention Hugo, sur ma gauche ! … Vas-y sors, je te couvre ! … Mais bon sang, assure ta prise de mains, qu’est-ce que Bats t’a appris ? … Voilà , ce but est de ta faute ! J’avais anticipé le lob et toi, tu t’es laissé surprendre à ras de terre ! … Qu’est-ce qui m’a fichu un remplaçant pareil ? »
Pour autant, cette dualité ne fait pas son bonheur car personne, curieusement, ne le remercie jamais pour son aide. Même Dieu, à l’avoir oublié là , ignore ses mérites. Évidemment, il reconnaît passer, assez souvent, au travers de la balle et se faire pulvériser au moindre contact avec un adversaire, mais cela n’explique pas tout.
Quand le soir du derby, un démon vert déborde Hugo. Notre fantôme se retrouve seul pour défendre le but. Gerland retient son souffle. Surtout, ne pas défaillir ! L’avant-centre lui jette un regard de stupeur, le tir s’envole au-dessus de la transversale. Son âme explose de joie, il vient de détourner la balle d’une superbe détente. Une véritable prouesse ! Le public l’acclame en chantant : « Qui ne saute pas n’est pas Lyonnais ! »
Ne cherchez plus à le voir. Comblé, il est parti jouer au foot là -haut… bien avant que le jardinier n’éradique la motte à l’origine du faux rebond qui troubla l’attaquant stéphanois.
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