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13
juil

Donne-moi ta vie – Chapitre 20

— Karim ?
— Euh… ouais !
— Vous comprenez ce que je viens de vous expliquer ?
— Non !
— Vos parents souhaitent que nous prenions une dĂ©cision Ă  votre sujet.
— Mes parents, quels parents ?
— Monsieur et madame Alouche, voyons, votre papa et votre maman !
— Ah bon ?
— Ils souhaitent que nous vous dĂ©clarions dĂ©finitivement fou Ă  lier…
— Pourquoi ?
— Pour que la justice leur accorde le droit de gĂ©rer vos avoirs.
— Je ne les connais pas.
— Je sais qu’ils vous ont abandonnĂ© trĂšs tĂŽt mais ils restent vos tuteurs lĂ©gaux malgrĂ© tout. Qu’en pensez-vous ?
— De quoi ?
— De votre Ă©tat ?
— Je ne suis pas fou.
— Tous mes patients disent ça…
— Ils le sont ?
— Pratiquement tous !
— Alors pourquoi poser la question ?
— Parce que depuis quatre ans que je vous observe, vous ne cessez de nous surprendre. Vous prĂ©sentez un cas de schizophrĂ©nie indĂ©finissable, Karim. On vous a amenĂ© dans cet Ă©tablissement en pleine crise identitaire, rejetant avec violence votre Ă©tat d’handicapĂ© mental. Votre sĂ©jour ici post-traumatique a dĂ©voilĂ© quelqu’un d’autre en vous, beaucoup plus intelligent que ne pouvaient le laisser supposer vos antĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux. Quelqu’un qui se cachait depuis toujours derriĂšre une infirmitĂ© illusoire mais nĂ©anmoins paralysante. Vous avez Ă©tĂ© libĂ©rĂ©, Karim…
— Cesser donc de m‘appeler Karim ?
— Acceptez qui vous ĂȘtes, enfin ! Faut-il encore une fois vous rĂ©pĂ©ter que la personne que vous prĂ©tendiez ĂȘtre, ce Youenn Legallec, le mari de votre ancienne Ă©ducatrice, existe bel et bien… mais il n’a rien Ă  voir avec vous. Je suis dĂ©solĂ©.
— Vous l’avez rencontrĂ© ?
— Oui !
— Avec ma femme ?
— Non, pas la votre, la sienne. Quand finirez-vous par admettre que ces personnes n’ont rien Ă  voir avec vous ? Que votre esprit se perd dans une histoire inventĂ©e, imaginant partager la vie d’une personne qui vous Ă©tait proche, pour Ă©chapper Ă  son handicap. Maintenant, si vous voulez progresser et vous libĂ©rez dĂ©finitivement de votre passĂ©, je vous conseille d’essayer de l’oublier.
— C’est difficile d’ignorer ce que ma mĂ©moire me rappelle sans cesse : l’histoire d’une autre vie.
— Je sais. Il faut persĂ©vĂ©rer. vous ĂȘtes sur la bonne voie.
— Docteur, pourrais-je sortir, un jour, de cet Ă©tablissement ?
— Cela me paraĂźt compliquĂ© mais cela reste dans le domaine du possible. Cela ne dĂ©pend que de vous !
— Pensez-vous que je puisse redevenir ce que j’étais ?
— Ce que vous Ă©tiez : non ! Il est Ă©vident que quelque chose a changĂ© en vous. Vous vous ĂȘtes dĂ©barrassĂ© de cette chape de plomb qui muselait votre intĂ©gritĂ© intellectuelle. Mais le risque de sombrer, Ă  nouveau, dans la dĂ©mence ou la dĂ©bilitĂ©, n’est pas exclu. Il n’y a que le temps qui nous apportera la rĂ©ponse et les soins que vous recevez ici.
— Je crois que je prends trop de cachets.
— Il ne vous appartient pas encore de savoir ce qui est bien pour vous ou non. Faite confiance aux gens qui vous soignent !
— Mais je ne supporte plus d’attendre.
— C’est le prix Ă  payer pour votre guĂ©rison.
— Justement, docteur, j’aurais besoin de cet argent quand je sortirai.

2 commentaires(s)
  1. Vivement la suite !

    inculte2province,le 10 août, 2011
  2. Bon, maintenant que tu es Ă  la retraite, tu vas pouvoir t’y remettre !!! Ton Ă©ditrice et tes fans t’attendent avec impatience ;-)

    Fabienne Germain,le 19 juillet, 2013

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