ROMANS

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LIVRE-INTERACTIF

26
avr

Donne-moi ta vie Chapitre 21

 

Sévane, mon poussin, ne met pas tes doigts dans ta bouche, ils sont tous sales…
Sévane, on avait eu beau cherché un prénom sur internet, dans des bouquins, des magazines divers…. rien ne nous inspirait ! Même dans l’Officiel des Prénoms qui en compte plus de 12000, toujours pas d’illuminations ! Je gardais douloureusement en mémoire celui de Servane, une adolescente fragile que je n’avais, hélas, pas réussi à sauver mais Julie trouvait ça un peu ‘‘dur’’ à prononcer pour une petite fille. Du coup, elle a eu l’idée de voir ce qui se rapprochait le plus de ce qui existait. Condition importante pour elle, elle ne souhaitait pas de prénom inventé ! Jusqu’à ce qu’elle trouve enfin la solution. En Arménie, se trouve un grand lac, le seul lac, en fait, d’après ses recherches, appelé lac Sevan. A proximité, nombre de garçons arméniens se prénomment également Sévan, Après quelques hésitations au moment de l’accouchement, nous sommes tombés d’accord sur la déclinaison au féminin : Sévane, un petit bonheur qui trottait maintenant vers ses trois ans en fourrant ses mains partout.
Julie n’avait eu aucun mal à me faire accepter une future paternité après l’euphorie de nos ‘‘retrouvailles’’. Je n’étais pas enclin à la décevoir. Quel autre avenir aurais-je pu lui promettre ? Youenn, le vrai, ne reprendrait jamais sa place. Je me déculpabilisais en disant que si je disparaissais, notre fille serait là pour la consoler, l’assurance vie des beaux-parents assurerait le reste. Les premiers pas dans la vie de Sévane enchantaient notre quotidien et mettaient une touche supplémentaire au bonheur de notre couple. Nous ne pouvions être plus heureux s’il ne planait pas cette inquiétude persistante de mon devenir dans ce corps. Avec les années, rien ne laissait supposer que je pouvais être victime à tout moment d’un phénomène de rejet même si le risque s’amenuisait au fil du temps. Mais je continuais à penser cela encore possible. Méritais-je cette deuxième chance bien mal acquise ?
Je scrutais également tout défaut de comportement chez ma fille, comme si la perversion du corps de son père par mon esprit pouvait provoquer des malformations ou des dégénérescences. Mais sa vitalité me rassurait chaque jour du contraire. A qui ressemblerait-elle ? Physiquement parlant : pour moitié à Legallec bien sûr. Mais côté intellectuel et social, sur quoi la transmission génétique s’appuyait-t-elle ? L’acquisition des connaissances depuis la naissance du corps ou la reproduction photo instantanée du patrimoine cérébral au moment de la conception. Ce qui, dans mon cas, changeait beaucoup de choses. L’homme devenait de plus en plus intelligent, en moyenne, même s’il ne fallait pas oublier les génies éphémères qui avaient jalonné notre évolution. Cela m’amenait à penser que l’héritage devait s’établir à la procréation, le bébé bénéficiant de l’expérience et de l’évolution de ses géniteurs. Dans cette hypothèse, j’espérais que le patrimoine laissé à Sévane ne soit pas troublé par les antécédents de celui qui aurait dû être normalement son père. Cet homme moisissait dans un hôpital psychiatrique et on ne recevait plus de nouvelles. Julie n’avait cependant pas renoncer à reprendre contact.

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