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5
déc

Donne-moi ta vie – chapitre 13

L’intrus derrière la porte m’avait ratĂ© de justesse. Je rĂ©alisais en un instant ce qu’il se passait… chez moi. Des voleurs, dont apparemment l’un se trouvait ĂŞtre le mari de Julie, fouinaient dans mon appartement, avaient assommĂ© Julie et s’apprĂŞtaient Ă  me passer Ă  tabac. A constater comment cet individu traitait sa femme, je m’attendais au pire. Surtout maintenant que les deux malfrats rĂ©alisaient qu’ils venaient d’être dĂ©couvert en flagrant dĂ©lit. Comment prĂ©juger de leur rĂ©action ? Je tremblais de peur. Que pouvait-je faire Ă  un contre deux, dans ce corps qui ne m’appartenait pas et que je ne maĂ®trisais pas encore ? Comment faire pour Ă©viter le pire et pour protĂ©ger Julie ?
Je me rappelais soudain d’avoir rangé dernièrement un outil dans un placard en bas qui pourrait me servir d’arme. Il fallait faire vite. L’autre avait, semble-t-il, changé d’idée et entreprenait de déshabiller la pauvre Julie en menaçant maintenant de la tuer devant moi, sans se cacher, pensant que je comprenais rien. Au fond de la pièce, l’assommeur paniquait et repliait vers la sortie. Il fallait réagir : je fonçai vers la cave, verrouillant la porte derrière moi en espérant que ma fuite les distrairait momentanément de leurs intentions morbides.
Le maillet que je pensais utiliser comme gourdin ne se trouvait plus à sa place. Encore ma manie de ne pas ranger mes affaires tout de suite sous prétexte que j’allais m’en resservir sous peu. Je me rabattais instinctivement sur la seule chose que je maîtrisais vraiment. A peine le temps de la préparer que le gond de la porte en haut explosait sous un choc violent. Legallec descendait me faire ma fête comme je le prévoyais. Je me collais contre le mur. Sur la servante médicale en inox, ma main se referma sur mon unique chance de réussir. L’énergumène jaillit brusquement et hésita au bas des marches. J’étais bizarrement plus grand que lui, je le plaquais au sol en pesant de tout mon poids sur lui et plantais l’aiguille à l’arrière de son cou. Il m’éjecta d’une ruade et m’envoya un coup énorme sous le menton. Je me sentis vaciller, l’image flou d’un géant s’éleva devant moi et s’écroula. Heureusement, le liquide de la seringue diffusait déjà son effet soporifique dans le corps de mon agresseur.
Il me fallut quelques minutes pour récupérer. Une rapide prise de pouls au niveau de sa carotide me rassura sur la dose mesurée que je lui avais injectée. La quinzaine de marches avalée péniblement, je balayais le salon du regard. Comme je le supposais, l’autre n’avait pas demandé son reste. Julie gisait toujours par terre, bâillonnée et ligotée grossièrement avec les torchons dont Maria se servait pour essuyer la vaisselle. Le souffle régulier de sa respiration sur ma joue m’informa que tout allait bien. Je m’apprêtais à la détacher quand je réfléchis à la situation : qu’allait-il se passer maintenant ? Une fois la police prévenue, quelles seraient leurs conclusions ? Pigalle se disait capable de tout me mettre sur le dos. Que pèserait ma parole d’handicapé ? Julie n’avait rien vu. Comment expliquer l’arrachement de la culotte par le mari ? Si cet énergumène restait libre, rien ne l’empêcherait de recommencer ses funestes desseins à l’encontre de sa femme.
Une seule solution, le faire disparaĂ®tre pour l’empĂŞcher de nuire. A tout retourner dans ma tĂŞte, j’en imaginais une… risquĂ©e… traumatisante… et probablement pas totalement radicale…

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